Qui n’a pas entendu parler du problème de la démographie médicale. Une future « pénurie de médecins » dit-on parfois. Pourtant si la question du nombre de médecins se pose, ce phénomène sera amplifié par les modifications de la pratique médicale.
Il y a 30 ans lorsqu’il y avait 1 médecin pour 1000 habitants, mon père était généraliste en campagne. Il était disponible 24 heures sur 24, il était réveillé toutes les nuits pour des visites. Il s’était associé, ce qui lui permettait de prendre un dimanche de repos tous les 15 jours…
Mon père n’était pas malheureux, il adorait cet exercice. Ma mère jouait les secrétaires en parallèle avec son rôle de femme au foyer. C’était exigeant mais elle aimait ça.
Ce n’était pas un cas à part à l’époque, tous les médecins travaillaient ainsi.
Le point noir là-dedans, c’est que ma soeur et moi n’avons aucun souvenir de notre père pendant tout son exercice libéral…
Ce type d’exercice, je le connais pour le pratiquer régulièrement en remplacement. Pendant des périodes de 2 semaines, je remplace un généraliste travaillant « à l’ancienne ». Je vois des patients de 8 h à 23 h avec juste 10 minutes pour manger, je reste joignable toute la nuit, je travaille les samedis entiers et dimanches. Ces semaines de remplacements sont fatiguantes mais exaltantes. Inutile de vous dire que je ne vois pas mes enfants pendant ces remplacements.
Jamais une fois installé je ne travaillerai comme ça. Je ne rêve pas des 35 h, mais j’espère trouver un mode d’exercice raisonnable qui me permette d’être suffisamment présent pour ma famille.
Tous les jeunes médecins que je connais sont de cet avis.
Il faut ajouter à cela une donnée majeure : la féminisation massive de la profession. Pour donner des chiffres : dans ma promo (sortie de 6è année en 2004) il y avait 50 % de filles, dans les promotions actuelles, il y a je crois environ 75 % de filles…
Faut-il préciser que les femmes travaillent moins sur une carrière que les hommes : moins d’heures pour pouvoir favoriser la vie de famille, plus de mi-temps, congés pour grossesse, plus d’abandon d’exercice. 40 % de temps travaillé en moins selon certaines études.
On dit aussi (je n’ai pas vérifié cette information) qu’il y a 30 ans les patients consultaient moins fréquemment (à tort ou à raison ?).
Enfin les médecins à l’époque étaient mieux répartis sur le territoire. Mais encore une fois, on ne peut pas reprocher aux jeunes médecins de ne pas vouloir s’installer dans les zones où l’état retire la poste, la gendarmerie et l’école…
Pour ces raisons on peut comprendre qu’un médecin pour 1000 habitants était suffisant il y a 30 ans et qu’un médecin pour 340 aujourd’hui peut faire craindre une pénurie, particulièrement dans certaines régions…
Un article très intéressant sur les prévisions de démographie médicale en 2030 : http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er679.pdf
En lisant votre blog, j’ai un sourire amère…
Mon épouse exerçait comme médecin de compagne dans la banlieue éloigné d’Alger…elle c’est retrouvé dans le Sud ouest de France après un regroupement familiale…. Sans emploi…hé oui elle à eu le malheur de tombé amoureuse et de se marier avec une personne habitant en France…
Ici il y a un grand nombre de médecin généraliste qui partent à la retraite sans trouvé de remplaçant….
Et à coté de ça il y a ma femme qui reste à la maison parce qu’elle a le malheur d’être étrangère (hors union européenne) et d’avoir étudier la médecine en français mais pas en France….
Nous pensons partir vivre en Algérie…En espérant que je puisse travailler labas (je suis architecte).
Enfin le monde est ainsi fait……
« Je vois des patients de 8 h à 23 h avec juste 10 minutes pour manger, je reste joignable toute la nuit, je travaille les samedis entiers et dimanches. Ces semaines de remplacements sont fatigantes mais exaltantes. Inutile de vous dire que je ne vois pas mes enfants pendant ces remplacements. »
Je suis moi aussi remplaçant.
Je connais aussi ces semaines « à l’ancienne ».
Problème, je n’arrive pas à trouver ça exaltant.
Épuisant, stressant, inintéressant…comme la médecine générale, même en se tapant moins d’heures.
Esclave des patients, des patients exigeants, faire des visites, des gardes, être payé des clopinettes, des contraintes à n’en plus finir, des responsabilités sans la reconnaissance qui suit.
Le libéral, non merci, je ne m’installerai jamais.
Céline avait raison.
Vivement un poste salarié.