Une décision choquante
Jeudi 5 mars, au Brésil, la mère d’une fillette de 9 ans ayant avorté de jumeaux suite à un viol par son beau-père a été excommuniée par Mgr José Cardoso Sobrinho, archevêque de Recife. Les médecins ayant pratiqué l’avortement auraient subi la même sentence. Cette décision a été approuvée par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques, président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine en ces termes : « C’est un triste cas, mais le vrai problème est que les jumeaux conçus étaient deux personnes innocentes, qui avaient le droit de vivre et qui ne pouvaient pas être supprimées ». (1)
Ce qui est choquant c’est l’expression d’une condamnation publique où on aurait attendu de la part d’Humanistes Chrétiens avant tout de la compassion. D’autant que cette condamnation ne s’exprime pas avec la même vivacité à l’égard du violeur.
Ces hommes d’église font certainement là une erreur dans le témoignage de la foi qu’il sont censés porter doublé d’une erreur de communication, mais ce n’est pas l’objet de ce blog.
Je m’attacherai à ce qui relève probablement d’une méconnaissance médicale.
Un risque pour la mère et donc pour les foetus
« Les jumeaux conçus étaient deux personnes innocentes, qui avaient le droit de vivre » disait Mgr Giovanni Battista Re. Or du fait du double risque représenté par la grossesse gémellaire et l’extrême jeune âge de la fillette sans doute l’aboutissement de cette grossesse aurait été non seulement la mort des foetus mais aussi celle de leur mère.
C’est à ce titre que l’équipe médicale est intervenue dans un pays où le « droit à l’avortement » n’existe pas, devant faire un choix entre la vie de la jeune fille et le risque de « pas de vie du tout ».
Cela rappelle une situation bien plus fréquente, celle des grossesses extra-utérines. L’embryon est conçu, il peut être toujours vivant, parfois à l’échographie on voit son coeur battre et si l’on n’intervient pas pour arrêter cette vie, l’évolution de la grossesse à de très forts risques d’aboutir au décès de la mère et du foetus. De tels actes sont pratiqués presque quotidiennement dans toutes les maternités du monde.
L’Eglise catholique condamnerait-elle alors aussi les médecins et les femmes intervenant dans cette situation ? Si ces hommes d’église avaient davantage manifesté l’Amour du Christ qu’une volonté de lapider les pêcheurs, cela aurait évité certaines réactions de révolte. En particulier celle de professionnels pour qui les propos tenus témoignent d’une criante ignorance.
(1)sources :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2367161&rubId=4078,
Merci de ces lignes témoignant beaucoup plus que nos évêques de l’Amour du Christ
Bonjour.
Lisez le billet de philippe bilger sur ce sujet. Je ne surais mieux ecrire mon sentiment dans cette affaire.
http://www.philippebilger.com/blog/2009/03/il-%C3%A9tait-une-foi.html
Nous sommes bien d’accord…
Une question: comment cette affaire est-elle venue aux oreilles de l’Eglise? quid du secret médical dans ce cas ?…
Je l’ignore. Les médias peut-être ?
Un article intéressant concernant ce sujet, il y est question du rapport de l’église catholique avec l’avortement lorsque la santé de la mère est en cause :
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2368508&rubId=4078