Je retranscris ici le témoignage d’une mère de famille au sujet des fessées. Je n’aurais pas mieux exprimé mon point de vue.
« A la maison, avec ma fille, la fessée-limite, la fessée-réaction, la fessée-dernier-recours, je pratique. La fessée-défouloir, je suis contre. La fessée-culpabilité… je suis imparfaite, mais remettre en cause cette méthode éducative traditionnelle ? Non !
Une sanction proportionnelle
Oui, j’ose dire que je pratique la fessée-sanction avec mes trois enfants, enfin, les deux aînés, car la troisième n’a que dix neuf mois. Ceci dit, une petite tapette symbolique lorsqu’elle se tortille sur la table à langer, a l’air de bien lui faire comprendre les limites !
Au diable la langue de bois, je suis convaincue que la fessée peut être éducative. Une fessée- limite, à condition, bien sûr, de rester proportionnelle à la faute ! Je ne sors jamais mon martinet pour lyncher mes enfants de 4 et 6 ans pour un verre d’eau à terre ! Car ma fessée ne se veut pas humiliation. Je me souviens que petite, alors en classe de CP à Paris dans une vénérable institution catholique, mon camarade Blaise s’était déculotté face à la classe, pour prendre trois coups de baguette sur son petit postérieur. De ces fessées, l’on ne redoutait pas la douleur, mais surtout l’humiliation, même à six ans ! Je réprouve ces fessées-humiliation.
Une fessée pédagogique
Mais lorsque ma fille Luce, 4 ans, s’est brusquement accrochée à la jambe de Chloé, un an, au moment où je sortais cette dernière du bain, j’ai failli la lâcher… et là, une fois Chloé à terre, Luce s’est pris une bonne fessée sur ses fesses mouillées ! Une fessée-réaction à une frayeur de ma part, en effet, j’assume. Une fessée-qui-fait-mal, qu’elle n’a pas vu venir, bien sur, elle voulait jouer. Mais ça l’a marquée, et elle n’a jamais recommencé. Oui, elle a eu mal. J’appelle ça une fessée-sécurité. Celle qui part lorsque l’enfant se met lui-même ou met un autre en danger. A-t-elle compris que cela aurait pu être dangereux pour sa sœur ? J’ai tenté de le lui expliquer après, dans les pleurs et même les hurlements. Non, sur le moment, elle n’a pas voulu l’entendre. L’aurait-elle mieux compris si j’étais restée zen, comme le prônent les psy, et lui avais expliqué le pourquoi du comment en long en large et en travers ? Peut-être. Mais pas sûr… Et lorsqu’elle me lâche la main au moment de traverser la rue pour courir devant en rigolant, que faites vous ? Elle se prend une fessée-sécurité, qui la fait hurler. Elle n’est pas contente, elle est vexée, elle a mal. C’est la fessée pédagogique. Je ne donne pas de fessée à chaque non. Je tente la douceur, la raison, la conviction, puis vient, en dernier recours alors, la menace de fessée. On la prévient, on anticipe, on compte jusqu’à trois… et elle attend cet ultimatum pour céder… ou pas. Et là, vient la fessée-dernier recours, comme attendue, comme limite qu’elle a voulu tester.
Mais toujours un dernier recours
Non, je ne dis pas qu’elle l’attendait, ni qu’elle y prend plaisir. Je pense qu’il faut avoir des trésors d’imagination pour mettre en place la stratégie de la douceur, et, souvent, c’est ce qui fonctionne le mieux. Il peut y avoir aussi derrière son comportement qui nous agace, un malaise à prendre en compte. Quand je sens chez elle un état d’âme, un coup de fatigue, de faim, je creuse, avant de sanctionner. Mais quand l’enfant a visiblement décidé de nous tester, la fessée-dernier-recours peut tomber. Bien sûr, je ne suis pas parfaite, il m’est arrivé de me planter.
Fessée-défouloir, la mauvaise fessée
La fessée-défouloir est déjà tombée alors que, après un réveil ou deux par nuit depuis un mois pour réclamer sa tétine, ou un verre d’eau, j’ai été encore réveillée à deux heures du matin par les pleurs de Luce. Elle avait trois ans. Epuisée par mon troisième accouchement récent, j’ai filé une trempe à la pauvre petite Luce, pour m’apercevoir après qu’elle était brûlante de fièvre…. La fessée-culpabilité, la pire des fessées… Celle qui vous tire des larmes tellement vous vous en voulez d’être une mauvaise mère… Eh oui, ça arrive aussi. Faut-il pour autant interdire les fessées ? Toute interdiction générale pour être appliquée, doit s’accompagner de sanction. Comment, qui, va prouver la fessée ? Vais-je voir ma Luce me faire un procès à huit ans pour la fessée reçue à trois ans par erreur ?
Par Domitille B., Maman de Luce, Chloé et Matthieu »
Cet article a été publié initialement ici :