En 2008, selon le bilan des contrôles des arrêts de travail, plus de 10 % d’entre eux seraient injustifiés.
Je ne conteste pas ce chiffre. Ceci doit inévitablement faire tirer les leçons qui s’imposent aux médecins, mais aussi et surtout aux citoyens car là aussi, la responsabilité de chacun est essentielle pour le bon fonctionnement du système.
Je tiens cependant à apporter un éclairage différent.
Dans ma courte expérience de pratique médicale (globalement 6 ans et demi en hôpital et un peu plus d’un an en cabinet), j’ai vu un certain nombre de demandes d’arrêts de complaisance. Mais en fait peu, très peu. Le refus est assez simple à opposer au demandeur, aidé, il faut le dire, par l’argument du contrôle possible.
Il y a pourtant deux situations beaucoup plus fréquentes.
La durée nécessaire d’un arrêt de travail est impossible à déterminer de façon précise !
La première situation est l’impossibilité pour le médecin de fixer une durée d’arrêt de travail précise. Beaucoup imaginent que purement et simplement, à une maladie correspond une durée précise. C’est faux. La maladie, ou plutôt l’état pathologique n’est qu’un critère parmi d’autres.
Le second critère est le travail du patient. Par exemple, pour une tendinite de la cheville peu sévère, il est évident qu’un employé de bureau ne doit pas être arrêté, alors qu’un guide de haute montagne devra bénéficier d’un arrêt prolongé.
Le troisième, impossible à apprécier par le médecin est celui du ressenti du patient. Il est par définition totalement subjectif. Ainsi une sinusite peu être très invalidante pour un patient et peu gênante pour un autre, ou bien pour un même patient, certains épisodes peuvent être plus pénibles que d’autres. On se doit de tenir compte de ce vécu. Bien sûr, il est facile de leurrer le médecin.
Le quatrième est plus rare. Il s’agit des patients empêchés par leur état de santé de se rendre sur leur lieu de travail, même s’ils pourraient travailler une fois sur place. Un exemple peut-être une entorse de poignet chez un agent administratif. L’entorse peut même ne pas le gêner pour conduire, malheureusement, en cas d’accident, l’assureur peut refuser de prendre en charge les frais prétextant que le patient n’était pas en état de conduire.
Ces cas très particuliers sont les seuls auxquels le fâmeux amendement « Lefèvre » sur le télétravail lors d’arrêts maladies aurait pu s’appliquer. Il n’y avait pas de quoi en faire une loi…
Les refus d’arrêts de travail par le patient sont extrêmements fréquents !
La deuxième situation est extrêmement fréquente, en fait pluriquotidienne pour un médecin généraliste. Il s’agit d’un patient pouvant voire devant arrêter de travailler pour problème de santé et refusant cet arrêt. La plupart du temps, ce refus est motivé par la conscience professionnelle, parfois par l’angoisse de l’inactivité, trop fréquemment par la peur de représailles…
Cela ne pose pas de problème si la poursuite du travail n’aggrave pas l’état de santé. Malheureusement, il arrive que l’arrêt de travail soit véritablement nécessaire et que faute du respect de cette consigne, les complications soient néfastes à moyen voire long terme.
De mon point de vue de généraliste, il me semble évident que le nombre d’abus d’arrêts de travail est ridicule devant celui des refus d’arrêts !
Mais bien sûr ceci est plus difficilement chiffrable et peu intéressant pour faire des économies…
Comment determiner si la personne ment ou pas. le plus souvent on m’arrête quand je vais bien et quand je suis réellement pas bien on me refuse les arrêts :-s
Témoignage salubre. La politique du gouvernement procède une fois de plus par démagogie et exacerbe les tensions entre individus au lieu de s’occuper des vrais causes du problème: le chômage de masse, bientôt 10%… Comment un système solidaire et humaniste peut fonctionner dans ces conditions, conditions qui durent depuis de nombreuses années.
Pour ma part, je ne nie pas qu’il peut y avoir des abus, mais conservons notre énergie pour des projets plus prometteurs…
Apparemment, le chiffre de 11% d’arrêts abusifs, n’est qu’une proportion biaisée, car ce serait 11% sur les arrêts contrôlés, soit ceux qui sont longs et suspects…
Juste analyse !